PEUPLES AMERINDIENS D'AMERIQUES DU NORD
LES ALGONQUINS

Généralités
Avant l’arrivée des colons, les indiens Algonquins contrôlaient les régions depuis les côtes de la Caroline du Nord, en passant par la Virginie, le Maryland, le Delaware, le New-Jersey jusqu’au Maine et à la Nouvelle-Angleterre. D’autres groupes d’Algonquins étaient aussi installés dans les régions à l’intérieur des terres de l’Est du Mississippi et de l’Est du Tennessee jusqu’à la Baie d’Hudson.
Paradoxalement, malgré leur proximité avec la mer, la grande majorité des peuples Algonquins utilisaient principalement les ressources de la forêt. La chasse de petits gibiers (castors, loutres, lièvres,…), de Caribou, de Wapiti,… était l’activité principale des populations Algonquines. La cueillette et l’agriculture, suivant les régions, permettaient de compléter les ressources alimentaires. Sédentaires, ils pratiquaient principalement la culture du maïs qui était de loin la plus importante.
La structure tribale
Les Algonquins sont une nation de familles. La structure de la bande était basée sur les liens de la famille étendue. Chacune de ces familles avait des territoires bien définis pour la chasse, la pêche et la trappe. Plusieurs familles étendues formaient une bande.
Les bandes Algonquines vivaient indépendamment des unes des autres. Elles étaient alliées entre elles par un acte de paix, ce qui n’empêchait pas les groupes de se déplacer comme ils le souhaitaient. Malgré la multiplicité des alliances, les Algonquins n’ont jamais réussi à former une véritable confédération, comme les Iroquois, car de nombreuses alliances étaient minées par des problèmes de famille. Aujourd'hui dix bandes forment la nation algonquine.
L'utilisation de la terre était la base de l'organisation sociale et politique des bandes Algonquines. Les rivières et les fleuves servaient de frontière pour la gestion des territoires des familles et des bandes. Les rivières et les lacs étaient les seules voies d’accés qu'utilisaient les gens pour voyager d’un territoire à l’autre. Les familles passaient l'hiver sur leurs terres, à chasser et à pêcher. Au printemps, les familles d’une même bande se rassemblaient à des endroits stratégiques comme Matt Awa, ou au pied des Rapides Long Sault sur le lac Témiscamingue (crique Gordon). Ces lieux de rassemblements abondaient de ressources (comme la pêche) qui pouvaient soutenir le groupe durant les mois de l'été.
Différents groupes tribales Algonquins se réunissaient en plus grands conseils deux fois par an, une fois à la fin du printemps et une fois en automne. Ces réunions avaient lieu à des endroits comme le détroit du lac Témiscamingue (Obadjiwang) et Sturgeon Falls sur le lac Nipissing. Ces grandes réunions était l’occasion, au cours d’un grand festin, de discuter de l'état de la terre, la disponibilité des ressources et les relations avec les tribus avoisinantes. Ensuite, des décisions étaient prises concernant l'utilisation du territoire par chaque bande et groupe de familles au cours de la prochaine année.
Les villages étaient relativement petits avec quelques parcelles agricoles autour (maïs et tabac). Il n’existait pas de véritable structure entre chaque village, où chacun vivait plus ou moins en autarcie. Chaque village, ou groupe indépendant, possédait à sa tête un chef respecté par tout le groupe. A la mort d’un chef, les indiens l’enterraient dans une grande maison religieuse uniquement destiné aux cérémonies funéraires.
La vie des tribus Algonquines était relativement pacifique. Ils arrangeaient les problèmes entre famille où entre bandes avec des rétributions en cadeau et en échange, plutôt qu’en affrontements. Ces rassemblements étaient appelés les “Powwow”. Au cours de ces rencontres, ils échangeaient des cadeaux ; ils dansaient ; ils chantaient ; ils organisaient des compétitions… Au cours de ces Powwow, les hommes apportaient une bourse de l’amitié, considérée comme un objet sacrée, contenant de la viande qu’ils devaient offrir comme geste d’amitié et de paix. Ces bourses étaient très joliment confectionnées de dessins en écorce de frêne et d’épine de porc-épic. Ces rencontres étaient essentielles pour établir des relations d’amitié. Cette nécessité de se rassembler n’avaient aucune connotation spirituelle, car aucune cérémonie religieuse commune n’était célébrée.
L’arrivée des Européens va complètement bouleverser le mode de vie de ces indiens. Les blancs introduisirent le système spéculatif du marché. Les Algonquins commencèrent à chasser de plus en plus d’animaux à fourrures (castors, loutres,…) pour répondre à la forte demande croissante des Européens en fourrure. Les règles tribales, sur l’utilisation et la gestion naturelle des territoires de chasse furent violées, et la concurrence et les heurts entre les familles se firent de plus en plus virulents. Cette introduction anarchique du capitalisme primaire fut la première cause de disparition des tribus Algonquines.
Histoire
Les indiens Algonquins se seraient installés dans les régions boisées vers 2.500 ans av. J.C. A l’origine, le peuple Algonquin regroupait plusieurs centaines de tribus parlant une cinquantaine de dialectes apparentés.
En 1701, les indiens Algonquins et William Penn signèrent un traité avec pour objectif d’établir un Etat fondé sur la liberté de conscience et l’égalité des droits entre les hommes. Ce rêve de William Penn correspondait à l’idéal d’une province et de ses fondateurs. William Penn, gouverneur de la Pennsylvanie, devient ainsi propriétaire de 120 000 km² de forêt, appartenant auparavant aux Algonquins, dite «forêt de Penn».
Au début du XVIIème siècle, les Iroquois commencèrent à envahir une partie du territoire des Algonquins (Vallée de Mohawk et du lac Erié au Sud-Est de la région des grands lacs). Les Algonquins commencèrent à subir de lourdes pertes, mais rapidement l’aide française en arme à feu permit aux tribus Algonquines de limiter l’avancée des Iroquois effrayés par ses nouvelles armes.
Premières tribus à entrer en contact avec les blancs, les Algonquins seront aussi les premiers indiens à disparaître, ainsi que toute leur culture. En 1780, une première épidémie de variole détruisit pratiquement tous les indiens Algonquins du Canada. Plus tard, des couvertures d’hôpitaux contaminées furent délibérément envoyées dans d’autres tribus Algonquines afin de répandre la maladie.
Avec l’arrivée des Européens, le système sociale des indiens Algonquins va être complètement bouleversé. Les Anglais et les Français s’allièrent avec différentes tribus Algonquines qui réussirent à se détruire entre elles poussées par les colons. Ces guerres intertribales verront l’émergence de clan militaire de plus en plus fort au sein de chaque tribu avec un chef qui deviendra, au fur et à mesure, le seul interlocuteur entre la tribu et les colons. Au cours de ces guerres et de cette nouvelle hiérarchisation sociale, beaucoup de tribus indiennes vont perdre leur identité tribale et tous les acquis de leurs ancêtres depuis des millénaires. Une majorité de ces groupes s’éloigneront de plus en plus vers l’Ouest du continent pour sauvegarder un peu de leur identité indienne.
Pourchassés par les Iroquois à l’Ouest et les Européens venant de la mer, disséminés par les maladies des blancs, confronter aux guerres entre les clans et les familles, et incapable de s’organiser en front commun, les Algonquins furent les premiers indiens à subir l’irréversible ascension des colons. Tout leur mode de vie, leur système social disparut dans le même temps. Ils avaient mis des centaines d’années pour réussir à vivre en harmonie avec leur environnement en respectant cet équilibre fragile entre la proie et le prédateur.
Coutumes et spiritualité
Les pouvoirs spirituels de chacune des tribus étaient indépendants des uns des autres. Chaque bande possédait un chaman en particulier. Le système religieux des indiens Algonquins était relativement complexe.
Le Manitou était la force et le pouvoir surnaturel que possédait chaque élément de la terre. Les Algonquins considéraient que tous les êtres vivants sur la terre possédaient une force spirituelle plus ou moins importante. Le Manitou pouvait être comparé à « Wakan Tanka », le pouvoir sacré pour les indiens des plaines.
Pratiquement toutes les tribus Algonquines utilisaient les pictogrammes. Les indiens s’en servaient comme recueil de vision, d’instruments de prières. Les caractères inscrits servaient à marquer certaines règles et le savoir de la tribu. Il racontait l’histoire de la tribu, les lieux de chasse important, le calendrier des rites et des cérémonies religieuses, les rythmes cosmologiques,… Le pictogramme de “Walam Olum” raconte toute la migration des indiens Algonquins et la dispersion des différentes tribus sur le continent Nord Américain. Ces pictogrammes étaient inscrits sur des morceaux de bois dur ou sur des rochers.





